GastORnomie | à propos | Saint Nectaire fermier, le meilleur fromage du monde
Je connais bien certains pays du Nord, pour y avoir habité ou travaillé, Pays-bas, Royaume Désunis ou Allemagne. À l’époque ou EDF se concentrait sur le nucléaire, faisant abstraction des autres sources d’énergie, ces pays devenaient écolos et cela se retrouvait dans la vie de tous les jours.
À Amsterdam, j’ai habité dans une péniche, où je dus apprendre la frugalité, car l’eau potable n’était livrée qu’une fois tous les 15 jours par une autre péniche, le chauffage était fourni par un petit poêle au bois, et le bois était cher et difficile à obtenir en plein cœur du Jordaan. L’été, on cuisinait avec un petit réchaud connecté à une bouteille de gaz plutôt qu’avec le poêle à bois. Le loyer était quasi inexistant, le propriétaire de la péniche partait pour un an à l’étranger, il voulait juste éviter les squatters et avait besoin que quelqu’un s’occupe de son cannabis qui poussait sur le toit.
Il m’invita à dîner chez lui pour m’expliquer les tuyauteries de la péniche, l’utilisation de l’électricité, le téléphone, le rapport avec les voisins et avec la ville. Quand j’arrivais chez lui, ça sentait le chou. Il coupa le gaz sous le réchaud, souleva la cocotte qui s’y trouvait et la mit dans une caisse en bois dont les parois étaient doublées à l’intérieur avec des couvertures en laine. On aurait dit un énorme nid. Il referma la caisse avec un couvercle et la repoussa dans le placard d’où il l’avait sortie.
Devant mon air étonné, il m’expliqua que j’avais sous les yeux une marmite norvégienne. Le but était d’économiser l’énergie. On commençait la cuisson sur une source de chaleur, puis on la finissait en plaçant le contenant dans une caisse isolée, ce qui permettait à la cuisson de s’achever sans consommer plus d’énergie.
Nous parlions tandis que le Stamppot qu’il avait préparé finissait de cuir. Le résultat fut aussi surprenant que sa méthode cuisson. Une sorte de machin, entre la purée et la soupe, sans trop de parfum ni de goût, d’ailleurs il ajouta une énorme quantité de compote de pomme dans son assiette. Je dus franchement me forcer à finir la mienne, je ne voulais pas décevoir mon futur propriétaire.
Je mis le peu d’intérêt gustatif de ce plat sur la quasi-inexistence de traditions culinaires néerlandaises. J’espère qu’en disant ça, je ne blesse pas trop les 2 amis néerlandais qui me restent, car à chaque fois que je commente la cuisine batave, ils se désabonnent de mon fil Facebook.
Or, j’avais tort. Récemment, je partageais au nord de Copenhague un couscous cuit dans une marmite norvégienne similaire. Le résultat, bien que plus épicé que le Stamppot, fut le même, un agglomérat de semoule compacte, qu’une sorte de purée de carottes tentait de colorer, sans mâche ni structure, presque un smoothie de couscous.
Je sais bien que le Danemark n’est pas réputé pour ses traditions culinaires, la preuve avec Noma qui essaye d’en créer une, mais à ce point quand même…
J’avais doublement tort, car plus tard, j’ai mangé de bons Stamppot et mes amis danois m’ont préparé de très bons plats, ce n’est pas leur talent culinaire qu'il faut remettre en question, mais bien la marmite norvégienne.
Pourtant, l’idée est bonne, écologique et peu coûteuse. Il suffirait pour qu’elle se développe, qu’on puisse mieux contrôler la cuisson et la température de ce qu’il y a dedans. Pour le moment celle-ci dépend de trops de facteurs différents. Alors à l’époque du Thermomix, je suis certain qu’il y a un développeur quelque part qui pourrait créer avec quelques lignes de Python, deux capteurs et Arduino, une sorte de contrôleur qui via une application, permettrait, en connaissant la température de la boîte, celle de la cocotte, la quantité d’aliments à cuire et le type de cuisson désiré, de faire en sorte que tout ne finisse pas en purée.
Voilà je lance l’appelle. Pour mon idée, je ne réclame que 60% des revenus de la vente de ce produit que je baptise EasyMarnor.
Le Stamppot est une sorte de recette à base de pommes de terre mélangées avec pleins d’autres légumes qu’on écrase. Celui que j’avais mangé à Amsterdam, était composé, de pommes de terre, de choux, d’oignons et sans doute de quelque chose de gras et de fumé, mais très incognito. Stamppot, se traduit vaguement par “Pot de purée”. Quand c’est bien cuisiné, ça ressemble de très très loin, mais alors de très loin, à une potée auvergnate. En moins bon. Mais c’est pour donner une idée.